Bienvenue dans l’ère où l’émotion a remplacé l’analyse. Où la vérité ne se mesure plus en faits, mais en ressentis, où les opinions sont plus importantes que les arguments. Aujourd’hui, la société se construit autour des émotions, et les médias se sont transformés en usines à émotions destinées à fabriquer, entre autres, des citoyens à fleur de peau, prêts à réagir mais rarement à réfléchir.
🎬 L’ÉMOTION, STAR DE LA TÉLÉVISION
Il est de plus en plus difficile d’échapper à ce phénomène. Prenez les journaux télévisés : le format n’a cessé de se transformer, non pas pour offrir une information plus complète, mais pour choquer, réveiller des émotions fortes. Des reportages sur des sujets aussi variés que la violence policière, la situation des réfugiés, ou même un accident de voiture, sont désormais construits de façon à provoquer une réaction immédiate, quitte à faire passer l’analyse et la contextualisation à la trappe.
L’objectif est clair : toucher à votre cœur, pas à votre cerveau. Les journalistes ne vous présentent plus les faits de manière neutre, mais en créant une narration émotionnelle, où vous êtes incités à ressentir de la colère, de la tristesse ou de l’indignation.
🤯 L’IMPRESSION D’URGENCE : UNE SOCIÉTÉ QUI RÉAGIT, PAS QUI RÉFLÉCHIT
La télévision et les réseaux sociaux sont devenus des vitrine émotionnelle de la société. Si vous pensiez que le but était encore de comprendre le monde, détrompez-vous ! Il s’agit avant tout de faire en sorte que vous réagissiez instantanément. Un article sur la pollution vous donne une image choquante de l’impact écologique, sans entrer dans les détails scientifiques de la question. Une photo d’un enfant victime d’une guerre sur vos réseaux sociaux est là pour faire parler de l’horreur, sans jamais prendre le temps de comprendre les causes profondes du conflit.
Et pourquoi ? Parce qu’on préfère un public émotif, qui s’indigne et réagit, plutôt qu’un public qui analyse et cherche des solutions à long terme. C’est plus simple. Plus rapide. Et bien plus efficace pour les médias qui cherchent à capturer l’attention.
🧠 L’ANALYSE : UNE DÉMARCHE TROP LENTE POUR LE MONDE D’AUJOURD’HUI
Pourquoi s’embêter à analyser, à décomposer les faits, à penser profondément, quand on peut juste inonder les esprits avec des réactions instinctives ? L’analyse prend du temps, demande de la réflexion, et surtout, exige une compréhension nuancée des enjeux. Or, dans un monde où tout doit aller plus vite, où la viralité prime sur la profondeur, l’émotion devient le moteur principal des débats.
Prenez l’exemple des scandales politiques : au lieu de poser des questions sérieuses sur les politiques publiques, on préfère se concentrer sur le scandale émotionnel : les réactions des politiciens, leurs gestes, leurs expressions faciales. En somme, on parle plus de la forme que du fond.
🎭 LA FABRICATION DU CONSENSUS PAR L’ÉMOTION
Un autre aspect clé de cette dictature du ressenti est la fabrication du consensus. Le but n’est pas de discuter, d’analyser et de débattre. Non. L’objectif est de créer un consensus émotionnel, de faire en sorte que tout le monde ressente la même chose.
La manipulation est subtile : elle commence par un choix des mots, un choix des images, tout est fait pour que vous ressentiez une même émotion collective. La colère face à l’injustice, la tristesse face à une catastrophe, la joie devant un acte héroïque. Mais quand l’émotion prime, l’analyse disparaît. Le droit de poser des questions sur les causes, les conséquences et les solutions possibles est souvent évincé. L’émotion devient le fil conducteur de l’ensemble de la narration.
💔 L’INDIVIDUALISATION DE L’ÉMOTION : UN RESSENTI UNIQUE POUR UN MÊME PROBLÈME
Ce qui est encore plus insidieux dans cette dictature du ressenti, c’est l’individualisation de l’émotion. Dans un monde où chaque personne est censée être unique, il devient impératif que chacun ressente à sa manière les événements. Que l’on vous fasse vivre une catastrophe naturelle, une crise sociale ou une guerre, l’objectif est de vous faire ressentir quelque chose de personnel.
Mais qu’est-ce que l’individualisation des émotions apporte ? Un isolement collectif. Chacun réagit à sa manière, mais personne ne prend le temps de comprendre collectivement la situation. La conséquence ? La division. En nous concentrant sur nos émotions individuelles, on perd de vue les solutions collectives. Car, rappelez-vous, l’émotion, c’est immediate, c’est personnel, mais l’analyse prend du temps et nous invite à chercher ensemble des solutions.
🌍 LA SOCIÉTÉ DU RESSENTI : UN NOUVEAU MARCHÉ À CONQUÉRIR
Et que dire de l’exploitation de l’émotion à des fins commerciales ? Ce n’est pas un hasard si les marques et entreprises savent de plus en plus utiliser les émotions dans leurs campagnes publicitaires. Le ressenti devient une valeur marchande : les gens sont prêts à acheter une expérience émotionnelle, un produit qui les fait ressentir quelque chose. Et peu importe si le produit en question ne change rien aux problèmes réels : l’important est que vous vous sentiez mieux pendant une courte période.
Les médias, les entreprises, les politiques, tous jouent le même jeu : faire en sorte que vous ressentiez, pour mieux consommer, mieux réagir, et au final, ne pas penser.
⚡ RÉSISTER À LA DICTATURE DU RESSENTI
Il est temps de se poser les bonnes questions : sommes-nous prêts à laisser les émotions gouverner nos vies, ou allons-nous reprendre le contrôle de notre réflexion ? Résister à la dictature du ressenti, c’est d’abord choisir de penser avant de ressentir. C’est refuser de se faire guider par des impulsions et d’examiner les faits avec un esprit critique.
La prochaine fois qu’une émotion vous envahit, demandez-vous : “Est-ce que cela m’aide à comprendre ? Ou est-ce que cela me détourne des véritables enjeux ?”