LES ÉCOLES DE JOURNALISME : FABRIQUE DE CONFORMISME

Les écoles de journalisme, ces usines à journalistes, où l’on forme des créateurs d’opinion en série. Dans un monde où l’on rêve d’une presse indépendante, ces institutions prétendent nous enseigner les secrets de l’investigation et de la quête de vérité. Pourtant, qu’en est-il réellement ? N’est-ce pas plutôt une fabrique de conformisme ? Ces écoles, si réputées pour leurs méthodes modernes, ne sont-elles pas en fait les serres où l’on fait pousser des journalistes tous uniformes, pensant tous de la même manière, et avançant tous vers le même but : plaire à l’ordre établi ?

📚 LES ÉCOLES : DES MILIEUX FERMENTÉS

Les écoles de journalisme françaises sont de véritables institutions. Le CFJ, l’ESJ, Sciences Po, toutes ces grandes écoles semblent être les gardiennes d’un savoir sacré, le sacrement du journalisme. On nous y apprend à questionner le monde, à mettre en lumière les injustices, à révéler la vérité cachée. Mais, dès les premières années, une question se pose : pourquoi tous ces jeunes journalistes finissent-ils par dire à peu près la même chose, adopter les mêmes idées et suivre des lignes éditoriales similaires ?

Le problème ne vient-il pas du fait que ces écoles éloignent les journalistes des réalités du terrain pour les plonger dans un monde bien plus aseptisé, un monde où l’idéal de vérité est enseigné dans des cahiers de théories, loin des embûches réelles que l’on rencontre dans les rues, les quartiers populaires, ou les enquêtes de terrain ? Ces écoles sont souvent accusées de former des journalistes formatés, qui, une fois diplômés, sont prêts à servir la société et les pouvoirs en place.

🏫 LE CONFORMISME EN PRATIQUE

Il est frappant de voir combien ces écoles de journalisme semblent concentrées sur l’apprentissage d’une objectivité qui ne tient parfois qu’à des considérations superficielles. Les étudiants apprennent à mettre de la distance avec le sujet, à ne jamais prendre de parti, à éviter les opinions personnelles. Mais tout cela est-il vraiment l’essence du journalisme de terrain ? Les grandes écoles semblent moins intéressées à développer des journalistes capables de déranger les puissants et de révéler les injustices, qu’à former des fonctionnaires du récit médiatique, prêts à tenir un micro sans trop bousculer les normes.

👩‍🏫 LES IDÉES DOMINANTES : UN ENSEIGNEMENT PEU CHALLENGÉ

Les écoles de journalisme semblent également fonctionner comme des usines à reproduire les idées dominantes, celles du système. La liberté de la presse est, bien sûr, mise en avant, mais souvent dans une vision très classique : celle qui ne remet pas en cause le rôle des grands groupes de presse, ou la concentration des médias entre quelques mains. Si l’on ose évoquer une presse trop corporatisée ou trop proche des pouvoirs politiques, c’est en tout cas sans grande conviction.

Les méthodes pédagogiques sont basées sur un modèle où l’on apprend aux journalistes à être neutres, mais souvent au détriment de l’esprit critique. On leur enseigne à écouter les déclarations officielles, mais à peine quelques fondements théoriques sur les injustices sociales, les déséquilibres économiques ou la lutte des classes. Ainsi, loin de former des dérangeurs de système, les écoles de journalisme semblent surtout former des reproducteurs de discours. Les idéologies dominantes sont rarement remises en cause, et il est fort probable qu’un étudiant en journalisme finisse par adhérer à une vision consensuelle, trop timide pour ébranler les structures existantes.

🎯 L’OBJECTIF : CRÉER DES JOURNALISTES “RESPONSABLES”

Bien entendu, les écoles de journalisme sont animées par l’idée de former des journalistes responsables, qui sauront faire preuve de rigueur, de professionnalisme et de dévotion à la vérité. Mais cette responsabilité n’est-elle pas parfois une manière déguisée de contrôler la pensée ? L’enseignement s’efforce de faire oublier aux jeunes journalistes qu’ils sont avant tout des individus dotés d’une sensibilité personnelle, et que le journalisme est une pratique politique autant qu’un métier de vérité. En leur offrant une vision formatée de l’information, ces écoles participent à la mise en conformité des journalistes avec un système médiatique qu’ils sont censés critiquer, sans jamais remettre en cause les mécanismes qui régissent l’information.

🔄 L’INDEPENDANCE, UN MYTHE ?

Au fond, l’indépendance des journalistes formés dans ces écoles est-elle vraiment possible ? Les écoles de journalisme prétendent offrir une formation neutre et professionnelle, mais elles sont elles-mêmes soumises aux pressions économiques et idéologiques de la société. À force de former des journalistes qui connaissent par cœur les règles de l’éthique journalistique, mais qui ne sont pas encouragés à remettre en cause l’ordre établi, on finit par produire une presse docile, une presse qui ne dérange pas trop, qui fait semblant de poser des questions gênantes, mais qui ne va jamais trop loin.

Les écoles de journalisme, ces temples de la formation professionnelle, sont en réalité des moules à conformisme, des usines à produire des journalistes conformes, qui, même s’ils sont conscients des problèmes sociaux, n’auront pas forcément l’audace de les aborder sous un angle qui dérange les puissants.

💭 CONCLUSION : DU CONFORMISME À L’ALTERNATIVE ?

Si les écoles de journalisme veulent réellement offrir une formation de qualité, elles doivent oser remettre en question leur propre modèle. Au lieu de former des journalistes dociles, elles devraient être des lieux où l’on encourage le questionnement profond des structures médiatiques et des intérêts économiques qui façonnent l’information. Car tant que les écoles de journalisme continueront à fonctionner comme des usines à conformisme, l’idée de la presse indépendante et critique restera un vœu pieux.

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