On les appelle “médias de service public”.
Mais le service, c’est pour qui ?
Et le public, c’est celui qui paie ou celui qu’on informe ?
France Télévisions, Radio France, Arte, INA, France Médias Monde… Officiellement, ces institutions existent pour garantir une information pluraliste, neutre, indépendante.
Officieusement, elles sont financées par l’État, dirigées par des proches du pouvoir, obsédées par l’image qu’elles renvoient… et très souvent silencieuses sur les sujets qui fâchent.
🧾 QUI PAIE, COMMANDE (EN GÉNÉRAL)
Depuis la suppression de la redevance audiovisuelle en 2022, les médias publics dépendent directement du budget de l’État.
Traduction : le gouvernement décide combien ils reçoivent. Et combien ils ne recevront pas.
Résultat ? Un petit jeu pervers s’installe :
- Trop critique = risques de coupes budgétaires
- Trop neutre = soupçons de collusion
- Trop lisse = personne ne regarde
France Télévisions et Radio France marchent donc sur un fil :
critiquer, mais pas trop. Informer, mais sans accuser. Analyser, mais avec modération.
🏛️ NOMMÉ PAR QUI ? CONTRÔLÉ PAR QUI ?
Les patrons des médias publics sont nommés par l’Arcom (ex-CSA), elle-même composée de membres désignés par le pouvoir politique.
- Le président de France Télévisions ? Nommé.
- Le président de Radio France ? Nommé.
- La ligne éditoriale ? Difficile à ne pas aligner…
Et quand ce n’est pas la politique qui dicte, c’est la peur du scandale, la gestion d’image, ou la course à l’audience molle.
Autrement dit : le média public français, c’est l’art de ménager la chèvre, le chou, et le ministère de la Culture.
📺 “SERVICE PUBLIC” NE SIGNIFIE PAS “PLURALISME”
Un rapide zapping suffit à s’en convaincre :
- Les éditorialistes invités sont souvent les mêmes que sur les chaînes privées
- Les lignes idéologiques se ressemblent, avec une touche plus soft
- Les conflits sociaux, les luttes locales, les contre-pouvoirs… sont rarement à l’honneur
À la place, on trouve :
- Des reportages “pédagogiques” pour expliquer la réforme sans la remettre en cause
- Des plateaux “équilibrés” où tout le monde est d’accord
- De l’humour “engagé”, mais jamais trop violent (sauf contre les grévistes, là ça passe)
🎙️ RADIO FRANCE : L’AUTRE VITRINE DU SYSTÈME
France Inter, France Info, France Culture…
On y trouve des contenus plus pointus, plus critiques, plus qualitatifs parfois. Mais toujours dans les limites du cadre autorisé.
La satire y est tolérée, tant qu’elle vise les cibles déjà fragilisées.
L’analyse y est brillante, tant qu’elle ne remet pas en cause les fondements du système.
Et surtout : les grandes voix critiques finissent toujours par être remerciées, marginalisées ou recyclées dans le divertissement.
🌍 ARTE & FRANCE 24 : L’EXCEPTION QUI CONFIRME LA LOI ?
ARTE, souvent saluée pour sa qualité, reste un ovni dans le paysage, mais à l’audience limitée.
France 24 ou RFI, tournées vers l’international, offrent parfois un regard plus large — mais à destination des autres, pas du public français.
Bref : les expériences plus libres existent… tant qu’elles ne gênent personne au pays.
❓LE SERVICE PUBLIC PEUT-IL ÊTRE VRAIMENT LIBRE ?
Oui, mais pas en France.
Pas tant que :
- Le budget dépendra du bon vouloir du pouvoir
- Les directions seront nommées politiquement
- La peur du “dérapage” sera plus forte que le courage de l’investigation
En attendant, les médias publics français ressemblent à des grands navires bien repeints, qui évitent soigneusement les récifs — quitte à ne jamais aller nulle part.